Saponification à froid ou à chaud ?
Le savon de Marseille et la méthode du savon de Marseille sont TOUJOURS une saponification à chaud.
La saponification est une réaction chimique exothermique par laquelle un corps gras hydrolysé se transforme en savon.
Ce processus chimique lent et total, est donc utilisé par de nombreuses marques pour fabriquer leur gamme.
Les savons solides sont principalement faits selon deux types de processus de fabrication :

§  La saponification à froid
  • La saponification à froid est un processus de fabrication de savons qui consiste à utiliser des matières premières, qui sont mélangées sous une température située entre 35 et 50 degrés.
  • Par conséquent, le processus aboutira à l’obtention d’une glycérine naturelle.
  • La saponification à froid requiert de laisser les savons reposer pendant des semaines (4 à 5 semaines).
  • Cette méthode est totalement artisanale et réalisée à la main.
  • Il s’agit alors d’une procédure mettant en avant les propriétés les plus sollicitées du savon final obtenu.
  • Notons que l’huile de palme ou des matières grasses animales, peuvent se retrouver dans un processus de saponification à froid: durant une opération de saponification à froid, ces huiles ne sont pas soumises au chauffage, Il n’y a que les beurres et les huiles solides qui sont chauffées pour les liquéfier.
  • Ainsi, tous les bienfaits de ces huiles sont bien conservés dans le savon.
  • Il s'agit de la technique dite du "savon-maison" ne nécessitant ni connaissance, ni matériel particulier.
§  La saponification à chaud
  • La saponification à chaud est plus technique que la saponification à froid : l'emploi de sous-produits des huiles extraites, le travail en excès de soude pour une utilisation rapide ainsi que des lavages successifs des impuretés et de l’excès de soude.
  • En effet, il faut y ajouter une opération de cuisson au four ou au chaudron, pour finir la saponification du savon et la rendre totale.
  • Ce type de fabrication est utilisé dans la plupart des savons connus pour leurs vertus.
  • Les matières grasses sont associées à une solution de potasse, ce qui donne alors un mélange qui sera chauffé entre 80 et 100° durant de longs jours.
  • Une fois la phase de cuisson du savon terminée, un relargage est effectué afin de se débarrasser de la potasse ou de la soude en excès.
  • Ancestrale et mystérieuse, la saponification au chaudron va transformer les huiles et beurres, à haute température en un beau savon.
  • La pâte va cuire jusqu’à la fin de la saponification et sera prête plus rapidement.
  • Il est demandé de laisser la pâte reposée afin de laisser l’excédent d’eau s’évaporer pour obtenir un savon naturel aux propriétés exceptionnelles.

En résumé, quelle technique choisir ?
La saponification à chaud est plus technique que la saponification à froid : l'emploi de sous-produits des huiles extraites, le travail en excès de soude pour une utilisation rapide ainsi que des lavages successifs des impuretés et de l’excès de soude.
Il s’agit là d’un ensemble d’opérations que l’on ne trouve pas au niveau de la saponification à froid.
La saponification à chaud nécessite l’utilisation de plus de matériels et des connaissances avancées, comparée à la saponification à froid.
Ainsi, le savon peut être produit en quantité et décliné sous diverses formes, couleurs et parfums.
D'aucuns préconisent la saponification à chaud, tels que pour les savons solides de Marseille, d’Alep, ayurvédique, ou encore surgras.
Alors que d'autres, la saponification à froid, méthode peu énergivore, nécessitant moins d'eau, et dont l'impact économique et écologique sont moindres.
Il y aura toujours matière à discussion mais au final, c'est à l'utilisateur de peser le pour et le contre de chaque méthode.

Les “on-dit”, sous-entendus et incohérences sur le savon de Marseille
OUI, il serait nécessaire que le savon de Marseille bénéficie d’un AOP (appellation d'origine protégée) ou d’une IGP (indication géographique protégée), bien que ce ne soit pas le cas actuellement.
OUI, il serait nécessaire que les processus de fabrication soient plus clairs que l’édit de Colbert (1688) ou celui de Merklen (1906).
OUI, cette appellation devrait n’être employée que par des savons provenant de Marseille et environs, plutôt que de Turquie ou de Chine.
NON, il n’y a pas que 4 savonneries qui fabriquent le vrai savon de Marseille, mais OUI, il n'y en a que 4 de traditionnelles et situées sur Marseille même.
NON, il n’est plus obligatoire de se limiter à l’huile d’olive et ce depuis la pénurie de grignons d'olive du début du 20ème siècle où Merklen autorise également l'huile de palme ou de coprah.

AOP / IGP, de quoi parle-t-on?
L’IGP (indication géographique protégée) est un label qui permet aux consommateurs d’identifier des produits, cosmétiques entre autre, dont la qualité, la réputation ou d’autres caractéristiques sont liées à leur origine géographique.
Cette appellation, contrairement à celle d’AOP (appellation d’origine protégée – territoire de l’Union européenne) sont davantage relatives au territoire, renvoie à la notion de savoir-faire.

La bataille huile de palme et huile d’olive
L'appellation de "savon de Marseille" n’est pas une appellation d'origine protégée, elle correspond seulement à un procédé de fabrication codifié garantissant une teneur minimale d’acides gras.
D'autres matières grasses que l'huile d'olive peuvent être utilisées dans ce procédé, y compris l’huile de palme, tant que cela reste de l'huile végétale.
La formule de ce savon a été réglementée au XVIIe siècle sous le roi Louis XIV.
En 1688, Colbert passe un édit limitant l'utilisation du nom « savon de Marseille » aux savons fabriqués à l'huile d'olive dans la région de Marseille.
Historiquement, une teneur de 72 % en masse d’acides gras était garantie dans le savon de Marseille traditionnel, uniquement préparé à partir d'huile d'olive.
Au début du XXe siècle, la ville de Marseille possède 90 savonneries.
François Merklen fixe en 1906 la formule du savon de Marseille : 63 % d’huile de coprah, d’huile d’olive ou de palme, 9 % de soude ou sel marin, 28 % d'eau.
Un véritable savon de Marseille traditionnel est reconnaissable à cinq caractéristiques :
  • être en forme de cube ou de pain.
  • pour les cubes, porter une empreinte sur les 6 faces.
  • ne pas contenir plus de six ingrédients naturels.
  • sa couleur oscille entre le marron, le blanc et le vert .
  • avoir une teneur en matière grasse de 72%.
La "guéguerre" de l’AFSM et l’UPSM.

La guéguerre que sont font l’AFSM (Association des Fabricants de Savon de Marseille) et 4 grandes savonneries que sont le Fer à cheval, Marius Fabre, la Corvette (Savonnerie du Midi) et le Sérail regroupés dans l’UPSM (Union des Professionnels du Savon de Marseille) n’a pas lieu d’être.
TOUS fabriquent du savon de Marseille traditionnel et TOUS fabriquent des savons sous la même appellation en ne respectant pas toutes les règles.
Il serait grand temps de mettre tout cela à plat et arrêter de leurrer les consommateurs: il s’agit plus d’une dispute de cours de récréation entre deux gamins turbulents.
S'ils parvenaient à mettre leurs égos surdimensionnés de côté, on arrêterait de voir pulluler les "savons de Marseille" en provenance de Chine, de Turquie, et autres.

Vos produits sont-ils "BIO" ?
NON, mille fois NON,... Tout comme l'emploi du terme "savon de Marseille", je me refuse à galvauder mes savons en employant le terme "BIO".
Si on se réfère à la législation pure, un produit est considéré comme bio, uniquement s'il EST un produit agricole ou une denrée alimentaire issu de l’agriculture biologique et que de fait, il répond aux exigences de la législation européenne, notamment :
  • aucune utilisation de produits chimiques de synthèse (pesticides, désherbants, parfums, ...)
  • respect du bien-être animal (transport, conditions d’élevage, abattage…)
  • pour les produits transformés, une quantité de 95 % au moins des ingrédients issus de l’agriculture biologique.
Dans le détail, les produits pouvant être concernés par la certification bio sont :
  • Les produits agricoles non transformés (ex : céréales, légumes, fruits, coton, lait, œufs, animaux)
  • Les produits agricoles transformés destinés à l’alimentation humaine (ex : pain, fromages, plats cuisinés)
  • les aliments destinés aux animaux (ex : tourteaux de soja)
  • les semences et matériels de reproduction végétative.
Les produits suivants ne peuvent pas être considérés comme bio :
  • Les produits de la chasse et de la pêche d’espèces sauvages (sanglier, sardine, etc.) car il n’est pas possible de contrôler leur alimentation et leurs conditions d’élevage.
  • L’eau et le sel car ils ne sont pas des ingrédients agricoles.
  • Les textiles, les cosmétiques, et autres produits transformés non destinés à l’alimentation humaine ou animale, ne relèvent pas non plus de la réglementation relative à l’agriculture biologique et ne peuvent être certifiés biologiques au sens de cette réglementation.

L'eau et le sel, nécessaire pour faire la soude, faisant partie des composants essentiels pour concevoir un savon solide, ce serait nier la législation que d'appeler un savon "BIO".
Comme pour les savons solides, les savons liquides et gels douches contiennent de l'eau:
Il en va de même pour la soude à l'hydroxyde de potassium (dans laquelle interviennent eau et galets) employée à la place de la soude standard dans ce cas précis.
ET POURTANT
Vous trouverez des savons et gels "bio" dans le commerce. Pourquoi?
Il s'agit en fait d'une "astuce".
Nous ne citerons aucune marque ou revendeur, il ne nous appartient pas de juger, mais nous avons vu un savon de Marseille à l'huile d'argan, avec l'inscription "BIO" en gros caractères. Personne ne fait vraiment attention car le fait de voir le mot bio en gros caractères rassure inconsciemment.
Or il faut bien comprendre que ce n'est pas le savon qui est bio, c'est l'huile d'argan.
C'est pour cette raison que le terme "BIO" n'est jamais employé chez nous, bien que nous le pourrions, sous la forme précitée, mais ce serait contraire à notre éthique.
A cela a été préféré se rapprocher le plus possible des certifications ECOCERT®et COSMEBIO®.
Il en est de même pour le terme "naturel": si un seul des composants est d'origine chimique, ce terme n'est pas employé.

La péremption du savon de Marseille.
Le savon de Marseille, ainsi que d'autres, est un produit très particulier… Il n’y a pas vraiment de date de péremption.
Il y a ce qu’on appelle une PAO, Période Après Ouverture, généralement fixée à 12 ou 24 mois. Cela signifie qu’après ouverture du produit, celui-ci peut être utilisé dans une période allant d’un à deux ans.

La PAO est dépassée, il faudrait le jeter ?
La réponse est NON ! La savon, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ne se périme pas. Comme le vin, il se bonifie avec le temps.
Dans le temps, il peut perdre certaines propriétés, mais même des années après, il continuera à bien nous laver, et même à gagner en douceur.
Pourquoi ? Parce que le savon, comme beaucoup de cosmétiques solides, contient peu d’eau. Même si l’eau entre dans sa fabrication, celle-ci a été en grande partie éliminée lors de la cure, c’est à dire lors de la période où le savonnier fait sécher le savon avant sa commercialisation.
D’ailleurs, même après la période de cure, généralement de 4 semaines, le savon de Marseille continue à évacuer son eau, jusqu’à obtention d’un pain bien dur.
Il faut savoir que les développements bactériens dans la plupart des cosmétiques solides sont impossibles : pour qu’il y ait développement bactérien, il faut ce qu’on appelle une phase aqueuse, c’est à dire le mélange des ingrédients avec de l’eau.
C’est pour cette raison qu’en cosmétique DIY ou en saponification à froid, on préconise l’utilisation d’un conservateur lorsqu’il y a phase aqueuse, afin d’empêcher ce développement bactérien.

Pourquoi une PAO sur le savon ?
La PAO sur un savon est néanmoins indispensable et obligatoire. En effet, un savon va perdre certaines propriétés au-delà de la période indiquée sur la PAO.
De même, le savonnier reste garant de la qualité des savons qu’il met sur le marché pendant toute la durée de la PAO.
Mais au-delà de la PAO, que se passe-t-il pour notre savon ? Absolument rien ! Il va même devenir meilleur, même s’il peut perdre un peu de son parfum. Son aspect peut également changer : en effet, dans le temps, il va encore et toujours continuer à s’assécher.
Par contre, le fait de vieillir va apporter des vertus extraordinaires à votre savon :
  • Il va devenir de plus en plus doux pour la peau
  • Il va produire de plus en plus de mousse
  • Il s’usera de moins en moins vite

Bref, il n’y a que des bienfaits à faire vieillir vos savons.

Comment bien conserver un savon de Marseille?
Un savon, pour qu’il se conserve dans le temps, doit être placé à l’abri de la lumière, dans un endroit sec et frais.
C'est parce qu'il va continuer à s'assécher, que nous avons opté pour un emballage carton (avec un rembourrage de papier kraft à l'expédition) et un film de polyéthylène, écologique et de qualité alimentaire: il est gardé au sec, peu sujet à des variations de températures, à l'abri de la lumière et il peut respirer ce qui veut dire évacuer l'humidité résiduelle.
Ainsi, vous pourrez conserver votre savon durant des années !
Vous pouvez aussi utiliser vos tiroirs et les placer entre plusieurs couches de vêtements.
Non seulement vos savons seront dans des conditions de conservation idéales, mais vos vêtements sentiront très bons ! Et, cerise sur le gâteau, le savon éloigne les parasites, comme les mites, naturellement.
Le savon de Marseille est un produit non seulement sain, qui va nettoyer et sublimer votre peau, mais c’est aussi un produit durable qui ne se périme pas dans le temps. C’est un véritable produit zéro déchet, qui trouvera une place de choix dans votre salle de bain !

Les 40% d'huile de baies de laurier du savon d'Alep
On entend souvent poser la question:"Votre savon d'Alep a bien 40% d'HBL (Huile de Baies de Laurier) n'est-ce pas? sinon ce ne serait pas un vrai"
Même si notre savon d'Alep a bien 40% d'HBL, cette idée préconçue est totalement fausse.
Le savon d'Alep est dit « surgras » car il lui est ajouté, en fin de saponification, de l'huile de baie de laurier, dont la concentration et les pourcentages varient selon des utilisations diverses :
  • Pour un usage quotidien du savon d’Alep sur des peaux grasses ou normales à mixtes, mieux vaut privilégier un savon avec un faible pourcentage d’huile de baies de laurier 12% voire 5%.
  • Un savon d’Alep avec un important pourcentage de baies de laurier (30%) sera plus adapté aux peaux sèches.
  • Quand au savon d’Alep à très haut pourcentage d'HBL (40% et plus), il conviendra parfaitement aux peaux sensibles et réactives.
Pourtant ces différents taux appartiennent au vrai savon d'Alep.

Comment le reconnaître dans ce cas ?
Le savon d'Alep traditionnel se présente:
  • Il a la forme d'un pain cubique marron, sur lequel sont inscrits sous forme de sceau, le nom du fabricant, le lieu de fabrication ainsi que ( حلب pour Alep en arabe)
  • Ce savon ne peut contenir aucun produit de synthèse, aucun solvant autre que de l'eau, aucun colorant autre que ceux propres aux huiles, aucun fixateur de parfum, aucun dérivé de graisse animale.
  • L'intérieur de ce savon est vert.
  • Il a la particularité de flotter dans l'eau, sauf si la concentration en huile de baie de laurier est très importante.
Les ingrédients tels que "Tallowate de Sodium" et "Lardate de Sodium" sont des preuves de non-authenticité d'un savon d'Alep.